Deux mois d’amitié et de fraîcheur pour vingt neuf enfants réfugiés, nés dans l’exil du Sahara occidental

Pour la 8ème année consécutive, le Comité Limousin de Solidarité avec le Peuple Sahraoui a organisé l’accueil pendant deux mois d’été de 29 enfants venus des campements de réfugiés de la République Arabe Sahraouie Démocratique en exil. Ce groupe d’écoliers, 13 garçons et 16 filles, était accompagné par Messieurs Seddiki, Mouloud et Brahim. 21 d’entre eux sont les élèves de la classe d’enseignement du français que nous avons créée, équipée et que nous finançons avec le soutien du Conseil Régional du Limousin. Les 8 "nouveaux" sont des élèves des grandes classes qui apprennent aussi le français pour se préparer à entrer au collège en Algérie.

Ils sont arrivés le 1er juillet à Toulouse-Blagnac. Nous les avons accueillis et ramenés en Limousin, avec leurs maigres bagages, grâce au minibus des écoles que la commune d’EYJEAUX a bien voulu mettre gracieusement à notre disposition, sous la responsabilité d’Agnès, sa conductrice habituelle. La réception organisée dans les locaux de l’Ecole d’Eyjeaux a été l’occasion d’une fête très réussie où tous les participants ont pu faire connaissance. Chaque enfant a reçu un assortiment de vêtements et de chaussures que le groupe EMMAÜS de Poitiers avait préparé à leur intention.

La première semaine a été consacrée au bilan de santé traditionnel avec examen clinique général, contrôles dentaire, ophtalmologique et radiologique de tous les enfants et leurs accompagnateurs. Pendant cette première période, les enfants ont été accueillis par le CLSH de BOISSEUIL et leur première sortie s’est déroulée à GORRE où ils ont été reçus à l’école communale par les élèves, les enseignants et la municipalité. Ils ont pu apprécier pendant toute une journée le confort et l’équipement d’une école européenne moderne.

De même, la journée à LIMOGES avec visite de la bibliothèque francophone multimédia et pique-nique dans les jardins de l’évêché a enchanté nos jeunes hôtes. Comme tous les ans, ils ont également été reçus par le Secours Populaire Français qui leur a offert un goûter ainsi qu’un sac à dos garni de fournitures scolaires et ludiques. Durant tout le mois de juillet, les enfants étaient reçus pendant la journée dans différents Centres aérés : le Mas Eloi et le Chapeau Magique pour la Ville de Limoges, le CLSH d’AMBAZAC, pour 8 d’entre eux, ainsi que le Centre de loisirs des CARS, pour la Communauté de Communes des Monts de Chalus. Tous ont apprécié la qualité de l’organisation, notamment du transport et de l’encadrement, et des activités diverses qu’ils ont partagées avec leurs jeunes amis locaux. Les soirées et week-ends se passaient en famille.

Fin juillet la transition s’est faite autour d’un pique-nique ensoleillé, sur le site de Chambéry à Saint BRICE, où se sont retrouvés les enfants, les militants de notre comité et les familles d’accueil de Limoges, Eyjeaux, Boisseuil, Solignac, Panazol, Aureil, Bersac, Ambazac, Chalus, Janailhac, Saint Victurnien, Saint Brice, Saint Martin de Jussac, Cognac la Forêt et Saint-Junien. Le soir même, les enfants rejoignaient SAINT JUNIEN et ses environs dans leurs nouvelles familles d’accueil. Un nouveau mois de vraies vacances commençait alors, avec toutes les activités et les ressources du Centre de Loisirs du Châtelard pour Saint Junien et de Cognac la Forêt pour la communauté de communes de la Vallée de la Gorre, et avec la chaleur des soirées et week-ends en famille. Un pique nique au "site Corot" et un grand jeu du "Maître du Châtelard" resteront dans les mémoires. Une réception offerte par la municipalité de Saint Junien a permis à tous les acteurs, familles et enfants, de se retrouver à l’Hôtel de Ville.

Le samedi 19 août, c’est en train que nos jeunes hôtes ont rejoint l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Déchirés entre la tristesse de voir s’achever leurs vacances en Europe et la joie de retrouver leurs véritables familles, ils ont décollé à bord d’un avion d’Air Algérie, avec 1200 Kg de bagages constitués de vêtements et de matériel pédagogique. Ils ont rejoint leurs proches et leurs amis dans les conditions difficiles de l’exil et la dureté du climat au cœur du Sahara, pour se préparer à la prochaine rentrée scolaire. Comme chez nous, l’école est gratuite et obligatoire dans les campements de réfugiés du Sahara Occidental.

D’où viennent ces enfants ?

Des camps de réfugiés du Sahara Occidental, situés en Algérie sur la "hamada" de Tindouf, un plateau caillouteux, l’une des régions les plus inhospitalières du grand désert. Envahi militairement et annexé en 1975 par le Maroc, le Sahara Occidental attend toujours d’être décolonisé conformément au Droit international. Après une guerre meurtrière qui devait durer seize ans, un cessez-le feu a été instauré en 1991 à la faveur d’un accord entre le Front Polisario et le Maroc, qui devait déboucher, en 1992, sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui sous les auspices de l’ONU et de l’UA. Ce référendum est sans cesse reporté, il est encore repoussé à la suite des obstacles artificiels sans cesse érigés par le gouvernement marocain.

Pourquoi les accueillir ?

Pour des raisons humanitaires bien sûr. Ces enfants sont nés dans la guerre et l’exil, ils connaissent des conditions de vie extrêmement difficiles, une alimentation à peine suffisante et déséquilibrée, un climat particulièrement dur.

Mais aussi pour le droit à la justice. La communauté internationale a reconnu à leurs parents le droit à l’autodétermination. Ce droit a beaucoup trop de mal à s’appliquer !

Tous ceux et celles qui accueillent ces enfants manifestent ainsi leur engagement à refuser la fatalité de l’injustice et la loi du plus fort, ils contribuent à la mise en œuvre de ce droit, et au delà, pour le droit à la connaissance et l’accès à l’école, pour les droits de l’Homme et pour le droit des Peuples à disposer d’eux mêmes.