Le séjour en Limousin du groupe de trente enfants des camps de réfugiés du Sahara Occidental dont le Comité Limousin de Solidarité avec le Peuple Sahraoui organise l’accueil depuis 8 ans maintenant, se déroule sans histoire, grâce à l’hospitalité des habitants de notre région.

Cette année, ce sont près de 70 familles bénévoles qui hébergent ces enfants pour des périodes de 2 semaines en moyenne et ce sont maintenant 5 centres de loisirs municipaux ou communautaires qui les reçoivent. En effet, les CLSH de Boisseuil et des communautés de communes des Monts de Chalus et de la Vallée de la Gorre ont généreusement ajouté leurs contributions à celles du Mas Eloi et du Chapeau Magique pour la ville de Limoges en Juillet et du Chatelard pour la ville de Saint-Junien en août.

Le traditionnel passage de relais entre les familles de juillet, autour de Limoges, et les familles du mois d’août, autour de Saint-Junien, s’est déroulé dimanche à l’occasion d’un pique-nique très convivial organisé sur le site de "Chambéry" gracieusement mis à disposition par Madame le Maire et le Conseil municipal de Saint Brice sur Vienne.

Ce fut l’occasion pour les responsables du Comité de remercier chaleureusement les familles d’accueil et de mettre en avant tout le dévouement et la générosité qu’il y a derrière ce geste. Ce geste n’est pas simplement de l’hospitalité, ce qui est déjà beaucoup, c’est aussi un très grand service rendu à ces enfants, service que l’on peut, peut-être, résumer sur 4 niveaux : la santé, l’éducation, l’information et la solidarité.

Dans le domaine de la santé, accueillir ces enfants c’est les soustraire aux conditions climatiques très difficiles du Sahara en été. Aux chaleurs excessives qui mettent en danger leur santé, s’ajoutent le manque d’eau et les carences alimentaires d’une nourriture fournie en quantité insuffisante par l’aide humanitaire internationale. Il faut ajouter à cet environnement hostile le désoeuvrement des jeunes pendant les vacances d’été, jeunes qui errent sans but entre les tentes, malgré les efforts d’animation réels mais encore insuffisants de leur ministère de la jeunesse. Mais la santé c’est aussi tous les petits bobos que cet accueil permet de guérir et qui, mal soignés chez eux par manque de moyens, se transforment fréquemment en catastrophes : otites à répétition qui deviennent douleur, surdité voire méningites, conjonctivites non traitées qui entraînent des baisses considérables, voire la perte, de l’acuité visuelle, affections dentaires négligées qui nécessitent tant d’extractions puis des difficultés d’alimentation très graves à cet âge.

L’espoir de s’en sortir, l’espoir d’un avenir meilleur, passe évidemment par l’école. Mais l’apprentissage scolaire ne peut pas s’arrêter au niveau du primaire, obligatoire dans les campements du "Polisario". Pour ceux qui le peuvent, la poursuite d’études au collège, et au delà, se fait la plupart du temps en Algérie où le français est obligatoire, en temps que 1ère langue étrangère mais aussi en tant que support de plusieurs enseignements de base. Autant dire que les petits sahraouis, arabophones par nature et hispanophones par colonisation, ont un taux de réussite extrêmement réduit à cause d’une méconnaissance de la langue française. C’est aussi à ce niveau là que l’accueil en été, associé à l’enseignement du français que le comité organise dans les camps de réfugiés avec l’aide de la Région Limousin, joue un rôle majeur pour aider ces enfants.

Sans doute y a-t-il la télévision dans les campements, mais peut-on vraiment découvrir le monde industriel et l’Europe à travers un mauvais écran de télé ? Non, bien sûr, il vaut mieux le voir en direct et s’y intégrer, ne serait-ce que pour quelques semaines. Qu’est ce qu’une famille européenne ? On ne peut évidemment pas le découvrir en colonies de vacance ou en camps de séjour, comme tant d’enfants accueillis en Europe, même si l’hospitalité est la même. Ce que font les familles bénévoles en Limousin, c’est bien autre chose et c’est beaucoup plus riche. Chaque enfant est immergé dans une famille qui le prend en charge pour une quinzaine de jours puis il change de famille, passant de la ville à la campagne, du centre ville à la banlieue, d’un jeune couple à des personnes mûres, d’un milieu social à un autre.

Sur le terrain de la solidarité, enfin, il faut se souvenir que ces enfants sont nés et vivent dans un contexte politique terrible. Leur patrie, le Sahara Occidental, comporte 2000 km de littoral océanique dont ils ne peuvent pas bénéficier car leur territoire légitime est confisqué par l’occupation coloniale marocaine. Les 2000 km de plages sont remplacées par un mur de démarcation occupé par des soldats en arme, bardé de mitrailleuses lourdes et d’équipements radar, flanqué de millions de mines antipersonnel. Même les chameaux ne peuvent pas s’en approcher. Les familles sont séparées, coupées en deux, et ceux qui vivent dans les territoire occupés sont soumis à une répression sauvage, digne de la pire époque, avec torture, organisation de la terreur, pillage de domiciles, arrestations arbitraires, procès inéquitables, emprisonnements et assassinats. Grâce aux familles qui les reçoivent, ils savent qu’ils ne sont pas totalement isolés, qu’il y a dans le monde et en particulier en Europe, des gens qui les ne les oublient pas, un soutien généreux et une véritable solidarité.

Ce message que notre région leur adresse en leur offrant l’hospitalité, est extrêmement fort et important. Il est reçu cinq sur cinq.